Collectif national de résistance à Base élèves…

contre tous les fichiers scolaires

Appel à la convergence des luttes contre le LSUN !

Posted by retraitbaseeleves sur 12 septembre 2017

logo-lsun_fi1531-f9a79[article mis à jour le 28 septembre 2017]

Les raisons de s’opposer au « livret scolaire unique numérique » (LSUN) tant éthiques que juridiques, ne manquent pas. Suite à la table ronde organisée le 25 août 2017 par l’ICEM-Pédagogie Freinet lors de son 53ème congrès à Grenoble, le collectif national de résistance à Base élèves (CNRBE) appelle aujourd’hui à la convergence des luttes contre ce nouveau fichier. Cette convergence des luttes est d’autant plus nécessaire que le LSUN concerne à la fois les élèves du 1er et du 2d degré, la jeunesse dans son ensemble et les travailleurs en général.

Communiqué du CNRBE du 11/09/2017 – Le 25 août 2017, plusieurs syndicats isérois (CNT, École Émancipée, PAS 38) et le CNRBE ont participé à une table ronde organisée par l’ICEM-Pédagogie Freinet lors de son 53ème congrès à Grenoble, afin d’échanger sur les dangers et les moyens de lutter contre le « Livret scolaire unique numérique » (LSUN), obligatoire du CP à la 3ème depuis la rentrée 2016.

En effet, la plupart des données hautement sensibles qui avaient été retirées du fichier Base élèves suite aux mobilisations de 2007 et 2008, réapparaissent dans le LSUN (acquis du socle commun, appréciations, difficultés, comportement, suivis particuliers, problèmes médicaux… ). Dès 2010, les acquis du socle commun étaient réapparus dans le « Livret personnel de compétences » (LPC) pour servir de base à l’orientation des élèves tout au long de la scolarité obligatoire. Une forte mobilisation des enseignants, aussi bien à l’école qu’au collège, a permis de suspendre ce dispositif dans le 1er degré à partir de 2012, mais seulement de le « simplifier » dans le 2d degré, le LPC devant obligatoirement être rempli a minima en fin de 3ème à partir de 2011, pour permettre l’obtention du Diplôme National du Brevet (DNB). Le LPC est aujourd’hui remplacé par le LSUN, encore plus intrusif.

Lors du congrès de Grenoble, la table ronde contre le LSUN organisée par l’ICEM le 25 août 2017 s’est tenue dans un cadre de convergence des luttes, que nous pensons aujourd’hui primordiale. En effet, non seulement notre collectif s’est logiquement engagé dans la lutte contre le LSUN dès sa création fin décembre 2015, mais de plus, le CNRBE est lui-même né de la convergence des luttes de plusieurs collectifs apparus dans toute la France au fur et à mesure du déploiement du fichier Base élèves entre 2004 et 2008. Des collectifs eux-mêmes constitués d’enseignants, de directeurs d’écoles, de parents d’élèves, d’élus, de magistrats, de syndicalistes, de journalistes, de militants des droits de l’homme, de médecins, de psychologues, de citoyens de tous âges et de toute origine sociale, réunis dans une même lutte : empêcher le fichage des enfants à l’école.

En multipliant les formes d’opposition à Base élèves, depuis les luttes locales dans les écoles jusqu’à des actions d’envergure nationale, la convergence des luttes a permis de relativement préserver les enfants scolarisés dans le 1er degré, de ce fichage administratif à grande échelle. Dans le 2d degré par contre, l’éducation nationale n’a cessé de développer le fichage des enfants jusque dans l’enseignement supérieur et en apprentissage, multipliant notamment les environnements numériques de travail (ENT) et les téléservices en partenariat avec les collectivités territoriales et/ou au bénéfice de partenaires privés, ainsi que les procédures automatisées pour évaluer, trier et orienter les élèves.

Avec le « Compte personnel formation » (CPF) créé en 2014 et le « Compte personnel d’activité » (CPA) créé par la loi travail de 2016, le fichage des compétences commencé à l’école se poursuivra désormais formation après formation, tout au long de la vie. Intervenu la veille de la table ronde contre le LSUN au congrès de Grenoble, Nico Hirtt, membre fondateur de l’Appel pour une école démocratique (APED), a d’ailleurs clairement démontré que la place des compétences dans l’éducation nationale est bien davantage liée aux réformes du monde du travail qu’à la pédagogie constructiviste. Avec la montée en puissance des compétences, les savoirs ne sont plus qu’un moyen au service de l’adaptabilité et de l’employabilité des futurs travailleurs. La construction des savoirs (conceptualisation) est négligée au profit de la mobilisation de connaissances disponibles.

Les dispositifs permettant de partager les données scolaires avec d’autres administrations (maires, préfets, police, justice, organismes sociaux…) se multiplient également, transformant les fichiers scolaires en outils de contrôle social de plus en plus puissants. Souvent méconnus, ces dispositifs obéissent principalement à des logiques sécuritaires et/ou déterministes (prévention de la délinquance, contrôle des étrangers). Les risques de divulgation accidentelle ou malveillante, ou d’une utilisation à d’autres fins des données scolaires ne cessent parallèlement de croître, comme révélé par exemple à Béziers en mai 2015, où les prénoms des élèves des écoles avaient illégalement été utilisées par le maire, Robert Ménard, pour réaliser des statistiques ethniques.

Un courrier interne a également été dévoilé en mai 2017, démontrant que le ministère s’apprête à mettre les bases de données scolaires, y compris les répertoires des élèves, à disposition des GAFAM (Google, Appel, Facebook, Amazon, Microsoft et autres géants du web) et ce, dans un vide juridique total reconnu par la Cnil, ouvrant la porte à la commercialisation des données scolaires et au profilage des élèves par des sociétés privées (assureurs, recruteurs…). Rappelons que pour le ministère, le LSUN « n’est pas du tout un livret avec des données personnelles, c’est simplement sur la maîtrise des compétences », comme il l’a déclaré au Comité des droits de l’enfant des Nations Unies en janvier 2016 !

En 2008, la résistance à Base Elèves s’inscrivait dans une lutte contre les réformes de l’éducation nationale, qui entraînaient des stratégies de désobéissance revendiquée de nombreux enseignants et des échanges fructueux de résistance avec les parents d’élèves, les citoyens et les élus. Aujourd’hui, avec le retour de Blanquer aux commandes, mais cette fois comme ministre, de nombreux projets menacent l’éducation nationale et les pédagogies émancipatrices. La liberté pédagogique des équipes est menacée par un management pseudo-scientifique aux résultats, avec notamment le retour et la multiplication des évaluations nationales, favorisant les méthodes transmissives. La réforme du travail placera plus que jamais l’école dans un rôle de préparation à l’employabilité, dans un esprit de compétition exacerbée du marché des travailleurs, où chacun devra se vendre, sur la base de ses compétences. La lutte contre le LSUN ne peut être isolée de ces « réformes » qui sapent l’éducation.
A l’issue de la table ronde organisée par l’ICEM, le constat était unanime : c’est cette année qu’il faut refuser le LSUN. L’année prochaine, il sera trop tard. Les étiquettes (CNRBE, syndicats, ICEM) comptent peu, ce sont les informations partagées et la dynamique de lutte qui sont importantes. D’où l’importance d’organiser une véritable convergence des luttes contre ce fichage liberticide, qui supprime tout droit à l’oubli.

Que vous soyez enseignant à l’école ou au collège, parent d’élève, élu ou simple citoyen, dans votre école, votre collège, votre quartier ou votre commune, jusqu’à l’échelon national, participez à la convergence des luttes contre le LSUN !

Tous mobilisés contre le livret scolaire unique numérique !

 

Liens et documents à télécharger :

 

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