Allier
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Avril 2012
Voeu contre le fichage des enfants et des jeunes imposé par l’Education Nationale
Lors du conseil municipal du 12 avril, la mairie de Cosne d’Allier a voté une délibération au sujet de Base élèves, rejoignant ainsi les nombreuses autres communes de France qui refusent de participer au fichage des enfants.
Janvier 2012
Collectivement refusons de remplir le livret personnel de compétences
Ce dossier unitaire (CGT, FSU et SUD Education) alerte sur la mise en œuvre d’un fichage informatique d’une nature et d’une ampleur jamais imaginées : celui des compétences depuis la petite enfance et tout au long de la vie. Ces compétences, recueillies dans le Livret Personnel de Compétences (LPC), vont être attachées à l’identité des personnes par l’intermédiaire de leur INE et enregistrées dans d’énormes banques de données.
CGT éduc’action, FSU et SUD Education de l’Allier appellent les équipes pédagogiques à ne pas remplir le livret personnel de compétences, tant dans sa forme papier que dans sa version numérique.
Nos organisations s’engagent à soutenir tous les collègues dans cette démarche.
- Parce que le LPC est préjudiciable au travail pédagogique et aux apprentissages ;
- Parce qu’il constitue pour les personnels une surcharge de travail ;
- Parce que l’absurdité de nombreux items du LPC en rend la validation impossible.
- Parce que le Livret personnel de compétences instaure le fichage informatique centralisé des compétences des citoyens, dès l’école et tout au long de la vie.
Pourquoi le refus collectif ?
Vraisemblablement de nombreux collègues vont s’adapter pour ne pas perdre de temps avec un « outil » inutile. Mais le problème du LPC n’est pas seulement qu’il soit mal conçu, inutile et chronophage. C’est surtout le fait que l’Ecole publique soit le 1er maillon du fichage de la population.
Ce qui importe, pour le ministère, c’est la mise en place du LPC, son fonctionnement, bon an, mal an. Alors, pour nous y opposer, refusons clairement de remplir ces « casiers scolaires ».
Non au fichage : ne livrons pas nos élèves aux LPC !
Le livret personnel de compétences , c’est quoi ?
Dans le cadre de la mise en place du “Socle commun de connaissances et de compétences », qui forme le noyau de la Loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’École du 23 avril 2005 (n°2005-380), un arrêté du 14 juin 2010 (MENE1015788A) et une circulaire du 18 juin 2010 (n°2010-087) prétendent imposer aux enseignants, dès le CE1, la validation de livrets de compétences (LPC), qui aurait la “double fonction” d’“outil institutionnel attestant la maitrise des sept compétences du socle commun” et d’“outil pédagogique au service du suivi personnalisé des élèves”. Il s’agit d’évaluer sur le mode binaire l’acquisition des items rangés sous sept “compétences-cles”, elle-mêmes conçues comme des combinaisons “de connaissances, d’aptitudes et d’attitudes appropriées à une situation donnée”.
Une aberration pédagogique.
Comment fait-on pour valider, par oui ou par non, l’item « conjuguer les verbes du 1er groupe, être et avoir au présent, futur et passé composé ; conjuguer les verbes faire, aller, dire, venir, au présent de l’indicatif » ?
Et il faudrait valider toutes les sous compétences pour valider une compétence : impossible pour la majorité des élèves.
De plus, certains items ne relèvent pas de la compétence des enseignants : ne serait-ce pas aux médecins scolaires de décider si l’élève “adopte des comportements favorables à sa santé” ? D’autres sont si généraux qu’il ne serait guère prudent de les valider un jour (“Assumer des rôles, prendre des initiatives et des décisions” ou “Identifier des civilisations, des sociétés, des religions”).
Comme toute contre-reforme qui ne poursuit pas un but strictement éducatif, l’instauration du LPC ne manquera pas d’avoir des effets pervers antipédagogiques : chaque item ne sera pas longtemps considéré comme une qualité caractérisant ou non l’élève, mais deviendra rapidement une caractéristique qu’il serait anormal de ne pas posséder. Ne pas “Manifester curiosité, créativité, motivation, à travers des activités conduites ou reconnues par l’établissement” sera bien vite un handicap à surmonter : le métier d’enseignant se réduira alors à la mise aux normes des élèves, suivant des critères contraignants et détaillés (98 items) et ceux-ci ne seront plus considérés comme des personnes en devenir, mais, suivant les cas, comme des voitures à réparer ou des fauves à dresser…
On n’évaluera plus ce qu’on a enseigné mais on ne fera qu’enseigner ce qui doit être validé.
Une surcharge de travail inutile !
La mise en place du LPC s’ajoute inutilement à un dispositif préexistant, qui reste le support de l’information aux parents – celui de l’évaluation et de l’appréciation du travail des élèves par le livret scolaire. Il constitue donc une surcharge de travail pour les enseignants.
A cette surcharge de travail ne correspond aucune rémunération nouvelle ni de modification d’horaire.
Qu’est-ce qu’une société où l’Etat, via ses administrations et ses services publics, constitue des fichiers sur chaque individu, compilant ainsi des données aussi intimes que les connaissances ou le comportement ?
La version numérique : après Base élèves, un nouvel outil de fichage.
Le LPC, qui est devenu subrepticement une application numérique depuis janvier 2010 n’est donc pas un simple outil pédagogique. En effet les données personnelles qu’il contient sont exportables sur n’importe quel fichier de n’importe quel service.
Rappelons que ces “compétences” avaient été introduites dans la base de données « Base élèves » en 2007, puis supprimées en 2008 sous la pression de la société civile. Voilà qu’elles réapparaissent dans un nouveau fichier. Ces données révèlent les difficultés des enfants, leurs handicaps, alors que le ministre avait annoncé ces renseignements supprimés. Base élèves et l’immatriculation de tous les enfants (INE) sont bien la première pierre d’un gigantesque fichage.
Un fichage tout au long de la vie.
Déjà sous forme électronique pour le secondaire, bientôt pour le primaire (généralisation depuis septembre 2011), le LPC fiche le parcours des enfants tout au long de la scolarité obligatoire. Mais le lycée est aussi concerné avec le
« Passeport orientation formation » et certaines universités ont mis en place un Portfolio. Dans le monde du travail, le « Passeport orientation formation tout au long de la vie » fait son apparition. Il s’agit d’un fichage de même nature destiné à suivre la personne tout au long de la vie, en lui ôtant la maîtrise de son CV.
Des enjeux qui dépassent l’Ecole et répondent aux demandes du MEDEF.
Avec l’esprit du LPC, à l’instar d’autres réformes (nouveaux programmes, casse de la formation, aide personnalisée et stage de remise à niveau), on reconnait les concepts-clés du management néolibéral pour gérer les “ressources humaines “ avec la plus grande parcimonie : ce n’est plus une qualification précise, appuyée sur un diplôme, qui compte, mais des compétences diverses (polyvalence), qui les autorisent, suivant les besoins de l’entreprise, à confier aux salariés les tâches les plus diverses, sous la menace permanente du licenciement (flexibilité). Le LPC, qui est la forme choisie par le gouvernement pour mettre en oeuvre le programme éducatif de l’OCDE, répond donc aux seules exigences du patronat : ce qui est en ligne de mire, c’est tout simplement la suppression des grilles de qualification des conventions collectives.
Cette mesure est ainsi liée au remodelage néolibéral du Code du travail résultant de la Loi relative a l’orientation et à la formation tout au long de la vie du 24 novembre 2009 (n°2009-1437) qui instaure un Passeport orientation et formation pour les travailleurs. Lequel, a le même contenu que le LPC et ne fait donc que le prolonger : cette loi prévoit d’ailleurs que lors de son entrée dans la vie active, l’élève puisse, “s’il le souhaite, intégrer les éléments du livret de compétences au Passeport orientation et formation prévu a l’article L. 6125-2 du Code du travail”. L’employeur pourra de la sorte tout savoir sur ceux qu’il souhaite embaucher et pourra ainsi les selectionner en connaissance de cause, comme il achète des produits ou des machines.
Outils pratiques pour s’opposer collectivement au LPC.
La première chose à faire et d’en discuter entre collègues, d’avoir une réflexion collective sur comment on évalue nos élèves et à qui on doit/peut transmettre ce genre d’informations qui sont loin d’être anodines.
On peut en discuter en conseil des maître ou en conseil d’école. De ces conseils peuvent émaner des prises de position et des décisions. Les organisations syndicales peuvent vous proposer des motions ou vous aider à en rédiger.
Enfin, pour ne pas rester isolé, il est nécessaire de prévenir les syndicats qui pourront intervenir auprès des supérieurs hiérachiques le cas échéant.
L’évaluationnite.
Nous avons évoqué dans notre dossier l’aberration que représente le LPC et ses compétences en termes pédagogiques. Mais, même si les compétences étaient toutes acceptables ainsi que la manière de les évaluer, il faudrait tout de même réfléchir à ce que deviennent l’enseignement et l’éducation quand on ne les voit que par le prisme de l’évaluation.
On pourrait alors, avec Pierre FRACKOWIAK (IEN honoraire), qualifier ce travers d’évaluationnite :
“1° L’évaluationnite a renforcé le poids des exercices au détriment de la multiplication des situations de construction du savoir.
2° L’évaluationnite rejette la pédagogie dans le domaine de l’art ou de l’artisanat en la limitant au talent, à la capacité de séduction, à l’autorité naturelle.
3° L’évaluationnite a déresponsabilisé et dévalorisé les maîtres en leur donnant l’illusion de la modernité et du progrès. »
Le malheur de l’école, c’est que ce système d’évaluation a été imposé et s’est imposé comme s’il était une évidence qui ne se discute même pas ou même plus, comme s’il était naturel, logique, moderne.
CGT éduc’action : cgt.educaction03@gmail.com
SNUipp FSU : snu03@snuipp.fr
SUD Education : allier@sudeducation.org
→ Télécharger le dossier de 6 pages au format pdf.
Réunion d’information syndicale « spéciale Livret Personnel de Compétences » le mercredi 18 janvier
Réunion déductible des heures d’animations pédagogiques.
Co-animée par le SNUIPP, SUD Éducation et CGT Educ’action.
- À Montluçon, de 9h à 12h, salle Hibiscus, Maison des Associations Molière, 12 rue des Grands Prés
- À Moulins, de 9h à 12h, salle de la FAL, 42 rue du Progrès
- À Vichy, de 14h à 17h, salle de la Bourse du Travail
Juin 2011
Évaluations nationales, nous fonctionnons malgré nous
Lettre ouverte d’enseignants du 1er degré de l’Allier
A Monsieur l’Inspecteur d’Académie de l’Allier,
Encore une fois, nous avons fait passer les évaluations nationales de CM2 et de CE1. Cette année, les évaluations de grande section, pour l’instant non obligatoires, sont apparues. Nous ne pouvons taire le fait que ces évaluations et leur logique nous gênent vis à vis de nos élèves, de leurs parents et de notre éthique professionnelle pour plusieurs raisons :
- ces évaluations ne servent toujours pas à la réduction de l’échec scolaire, car elles ne permettent toujours pas le diagnostic des difficultés des élèves,
- la conservation des résultats nominaux sur base informatique participe toujours au fichage des élèves durant leur scolarité,
- elles poussent à centrer le travail en classe sur une pratique de bachotage et la recherche de résultats quantitatifs,
- elles servent à légitimer les dispositifs d’aide individualisée (stage de remise à niveau, aide personnalisée) largement contestés dans la profession,
- elles évaluent les compétences des programmes de 2008, eux aussi largement contestés alors que les programmes de 2002 nous paraissaient plus adaptés,
- elles contribuent à la standardisation pédagogique de nos pratiques de classe. A chaque nouvelle réforme, notre liberté pédagogique est un peu plus remise en cause,
- le versement de la prime de 400 euros tend à nous diviser.
De plus, nous avons bien noté que dans son rapport de juillet dernier, l’Inspection Générale de l’Éducation Nationale annonçait l’étape faisant suite à la mise en place des évaluations : « demander aux écoles des objectifs chiffrés d’amélioration des résultats ». Ce pilotage par l’évaluation, qui a déjà montré ses effets néfastes dans les pays où il a été appliqué, fait peser une menace lourde sur le système éducatif, en instaurant un outil de mesure des résultats qui va permettre une concurrence entre les élèves, les personnels et les écoles. Il contribue à terme, avec la disparition de la carte scolaire, à la transformation de l’école en un vaste marché.
Aujourd’hui nous savons que les résultats à ces évaluations sont utilisés lors des inspections de certains collègues. Nous considérons que notre travail ne se réduit pas à lire des consignes et cocher des cases. N’est-il pas plus professionnel, exigeant et efficace, pour nos élèves, de construire des séquences, réfléchir à des exercices qui évaluent véritablement des connaissances, corriger sans se contenter d’un codage imposé, en en mot enseigner et envisager une évaluation au service des apprentissages ?
Nous tenons à exprimer publiquement, par cette lettre, nos critiques sur ces évaluations qui illustrent la politique éducative de ces dernières années, largement critiquée au sein de notre profession. Notre position est celle de professionnels de l’Education et de l’Enseignement qui refusent de voir leur métier et leur éthique malmenés.
Veuillez recevoir, Monsieur l’Inspecteur d’Académie, nos sincères salutations et l’assurance de notre profond attachement à l’Ecole Publique.
Le 22 juin 2011 – Lettre signée à ce jour par 46 enseignants du 1er degré
Mai 2011
Livret personnel de compétences – Appel à ne pas le remplir
Lire l’article sur le site du SNUipp-FSU de l’allier.
Mars 2010
Réunion d’information à Gannat
Le CNRBE appelle à participer le samedi 27 mars 2010 à une journée nationale d’action et d’information concernant Base Elèves et le fichage des enfants. Il invite parents, enseignants, citoyens, collectifs locaux, syndicats, associations à s’emparer de cette journée afin d’organiser toutes sortes d’actions, de manifestations, de débats, de soirées de soutien.
A l’occasion de cette action nationale, une réunion est organisée le 23 mars à Gannat afin d’informer les parents de l’existence et des dangers de Base élèves et une information a été envoyée dans toutes les écoles du département, relayée par le SNUipp 03 dans son bulletin départemental.
→ Lire le document adressé aux enseignants et aux parents d’élèves.
→ Télécharger le nouveau tract édité pour diffuser lors de cette journée : Nos enfants sont fichés dès 3 ans et pour 35 ans.
→ Voir aussi le dossier consacré à Base élèves sur le site du SNUipp 03.
MOTION ADOPTEE AU CONSEIL D’ECOLE DE L’ECOLE MATERNELLE DU CHAMP DE FOIRE LE 05 MARS
Le conseil d’école de l’école maternelle du Champ de Foire, réuni le vendredi 5 mars 2010 s’interroge sur la mise en place par l’Education Nationale d’un fichier informatique centralisé : Base Elèves. En 2004, le Ministère de l’Education Nationale a décidé de mettre en place un fichier informatisé centralisé et partageable, Base élèves, auquel a été donné récemment, une base règlementaire par le biais d’un arrêté du Ministre de l’éducation nationale.
Base élèves, ainsi que la Base Nationale des Identifiants Élève, qui regroupe les Identifiants Nationaux Élèves attribués lors de la création de Base élèves mais aussi des données personnelles et qui n’a fait l’objet d’aucun texte réglementaire, constituent un fichage obligatoire et systématique des enfants tout au long de leur scolarité. C’est une grave atteinte aux libertés individuelles. L’école doit continuer à respecter la vie privée des élèves et de leurs familles.
Nous dénonçons :
– l’absence de garantie de protection des fichiers dès lors qu’ils sont sur internet
– la centralisation des données
– l’absence de confidentialité du fait de la possibilité d’accès à des données nominatives par plusieurs instances
– la rupture de confiance entre l’école et les familles qui en résulterait
– l’impossibilité de se soustraire à ce fichage du fait de l’obligation scolaire
– la durée de conservation de données personnelles (35 ans pour BNIE).
Le Comité des Droits de l’Enfant des Nations Unies a rendu publiques ses observations et recommandations et a exprimé sa préoccupation devant le fichage des enfants par l’État français. Le Comité s’inquiète du risque d’une utilisation dans d’autres cadres, comme la détection précoce de la délinquance ou le pistage des enfants migrants*. Le Comité a aussi noté l’insuffisance de précision, de contrôle de prévention sur l’interconnexion avec d’autres fichiers. En conclusion, il demande à la France de « prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que la collecte, le stockage et l’utilisation de données personnelles sensibles soient compatibles avec les obligations qui lui incombent en vertu de l’article 16 de la Convention relative aux droits de l’enfant ratifiée en 1990 par la France ».
Aussi le conseil d’école demande au Directeur et au Maire de ne pas accepter le logiciel Base Elèves et de ne pas transmettre des fichiers école existants.
Motion adoptée à l’unanimité.
*La question de le recherche d’enfant fait partie intégrante des missions dévolues à l’application Base élèves puisque la déclaration à la CNIL du 24 décembre 2004 mentionne : »Sur requête de l’autorité judiciaire, ils(les Inspecteurs d’Académie) procèdent à la recherche d’enfants ».
Dernières nouvelles « Collectif national de résistance à Base élèves said
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Journée nationale d’action contre le fichage des enfants le 27 mars « Collectif national de résistance à Base élèves said
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